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LA PROPOSITION DE L' EGALIBERTE
d' Etienne Balibar
LEXIQUE

 S'il existe, à ma connaissance - mais je n' ai pas fait de recherche exhaustive ni approfondie à ce sujet - un questionnement problématique qui se rapproche fortement du mien du point de vue de la mise en relation des idées et valeurs de "Liberté" et d' "Egalité , c'est celui qui est mené depuis longtemps par Etienne Balibar, et qu'il a formalisé comme "La proposition de l' Egaliberté", notamment dans un exposé du 27 novembre 1989 , repris et remanié dans un ouvrage plus récent lui-même intitulé "La proposition de l' Egaliberté "  ( publié aux PUF , dans la collection Actuel Marx , avril 2010 ).

Cette convergence de certains aspects de nos problématiques n'est cependant pas liée à une "influence" des analyses de Balibar sur mes propres réflexions à ce sujet, puisque ce n'est que très récemment  que j' ai été amené à découvrir et encore plus récemment, à lire de près certains textes de Balibar à ce sujet. Une première approche de cette lecture, me laisse cependant penser qu'il existe sans doute un point de divergence fondmental entre nos perspcetives respectives :

Etienne Balibar considère explicitement sa "Proposition de l' Egaliberté" comme énonçant une "vérité" , même s'il s'agit probablement d'une "vérité politique" ( p.57 ) , dont le statut n'est peut-être pas identifiable à une "vérité scientifique" .

Or, pour ma part, j'ai toujours considéré ma proposition appelée "Egale Liberté Libre Egalité" , comme n'étant que l' énoncé précisément LIBREMENT CHOISI et DECIDE par une personne d'un idéal auquel elle adhère et qu'elle (re)formule elle-même , donc nullement comme une "vérité" qui appartiendrait préalablement à une quelconque "réalité" qui serait "normative", puisque précisément il s'agit pour moi de sortir l' idée de Liberté de tout champ de prescription préalable qui nous "obligerait" à penser cette Liberté autrement qu' à partir d' "ELLE-MEME", donc ... en toute liberté ... de décision propre à chaque "personne"  ( si elle prend une telle décision de se constituer en "personne souveraine libre et égale" )

La liberté dont il s' agit est donc bien auto-déterminée par la personne elle-même dans cette "liberté" elle-même, et non à partir d'une "vérité" préalable, le seul "effet de vérité"  de l' irruption de l' Egalité à partir de cette Liberté personnelle radicale auto-proclamée , résultant alors de ce constat trivial qu'une telle "auto-proclamation"  de sa propre "liberté" , chaque personne en effet "PEUT" la faire , alors exactement "au même titre" .
Différence avec Balibar : il n' y a pas ici d'intervention d'une "vérité historique" ou d'une "vérité politique"  empiriquement constatable : Il y a seulement la constatation de l' identité formelle de l' acte d' auto-position de la liberté souveraine de la personne, certes variable dans sa matérialité expressive psychologique, sociale ou culturelle, mais formellement identique dans son mode de "justification" ( "c'est moi qui décide" , même si le sens des mots "moi" et "décision"  peut varier ... )

Remarque : Balibar lui-même, dans son analyse propre, est bien sûr conduit à prendre en compte cet aspect "libre" de la conception de la liberté elle-même et de l' "égalité" qui lui est indissolublement liée ( dans sa proposition comme dans la mienne , et si l'on en croit son analyse historique du moment "révolutionnaire", qui serait propre à la "Révolution française" elle-même ), et il en tire notamment la conclusion d'un aspect indéfiniment instable de ce rapport Liberté / Egalité .
Mais  il a, contrairement à moi, un souci de la "vérité" de sa proposition ( p. 56 : "Ce qui m'intéressera ici avant tout, c'est la vérité de cette proposition ( que j' appellerai la proposition de l' égaliberté )

Pourquoi ne suis-je pas intéressé à la question de la "vérité" d'une telle proposition ? Parce que j' ai précisément décidé ( dan cette même Liberté) de séparer les questions de "vérité" ( comme "scientifiquement" énonçables )  des questions de choix éthique et politique finalement appuyés sur la liberté "pure" comme pouvoir de distanciation par rapport à toute "réalité donnée" :
Evidemment le pouvoir de distanciation, sous toutes ses formes, notamment d'imagination créatrice, fait aussi  partie du réel ( le film fantastique se trouve sur une quelconque "pellicule" ... ) , au niveau de toutes les conditions, contraintes et ressources qu'il mobilise : mais précisément, il peut les mobiliser sans  avoir conscience de tout le "fonctionnement" réel de cette "mobilisation", et pourtant soumettre cette "mobilisation" à des fins conscientes, dont le but éthique et politique idéalement visé est celui de l' "Egale Liberté Libre Egalité". Toute pensée, même imaginaire au nième degré, si elle comporte une nécessaire "incarnation" ou "implémentation" dans une "physique" quelconque, n' en  comporte pas moins une dimension "imaginaire" précisément, dans son "contenu", ( ou comme le formulaient la phénoménologie, "intentionnelle", irréductible à l' occurence actualisée de son "support" ) .
Il y a bien ici un "constat" général dont Einstein aussi s'étonnait : comment se fait-il que les mathématiques les plus "abstraites" ou les plus "idéalisées" ou les plus"formelles" , puissent cependant trouver une "incarnation" ou une "implémentation" ddans des réalités physiques par ailleurs phénoménalement "perceptibles" . ( On rejoint ici aussi une question connue en philosophie kantienne comme celle du "schématisme"' ... et donc en effet des questions philosophiques constamment reposées comme celle du "sujet transcendantal" , et de la question de Jean-Luc Nancy à laquelle Balibar lui-même se proposait de répondre ... " QUI VIENT APRES LE SUJET ? " ).

Remarque : C'est aussi une certaine forme de convergence formelle qui rapproche la décision de Balibar de forger le mot-valise "Egaliberté" , dans un champ problématique où j' ai moi-même pris la décision de forger l' expression "EgaleLiberteLibreEgalite" ( ou en acronyme "ELLE" ) , avec sans doute comme intuition commune que la liberté même du langage ( ou du "LENTGAGE" comme nous sommes quelques uns à le "nommer" )  devait marquer la question de l' "Egale Liberté" , d'une "égale liberté" de chacun de proposer aux autres la "médiation du langage" qui cependant lui convient le mieux à lui ... Ainsi donc la "Pentecôte" de l' Esprit de Thélème , où chacun ne faisant que "ce que voudra" , pourtant , en cela MeMe , propose un élément ( ELLE aimant LMN ) partageable et "comme Une ni cable" ( Clinique qui nique "Tout Fait" )  aux autres ...

Donc : Vaste PROGRAMME de "confrontation" amicale entre mes idées et celles d' Etienne Balibar , entre "ELLEetNouS" et "Egaliberté" , Car quelque part "elle" est bien la "même" , aussi "libre" et aussi" égale" , de la même libre "identité" où le "MeMe" diffère MeMeMent de lui-MeMe. Elémentaire ...

Armand Stroh (16/08/2012 )